pourquoi l'entrepreneuriat n'est pas la solution miracle au chômage

L’ENTREPRENEURIAT COMME SOLUTION AU CHÔMAGE ? PAS VRAIMENT !

Cher lecteur, attends ! Ne prends pas la mouche juste en lisant le titre. Avant de me tirer dessus à balles réelles, laisses-moi au moins défendre mon opinion.

L’entrepreneuriat est tendance. Tu n’as pas pu y empêcher. Quelque soit ton pays de résidence, les slogans vantant l’entrepreneuriat, et notamment l’entrepreneuriat des jeunes, comme la solution miracle au chômage ne manquent pas. On les qualifie de créateurs de richesses, futur de la nation, innovateurs, visionnaires, … Les superlatifs foisonnent.

Autant ne pas faire durer le suspense. Au ton que j’emploie, tu t’en doutes déjà… Je ne partage pas cette vision des choses.

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Ouvrir une entreprise n’est pas un projet qui te sortira de la misère et te rendra financièrement indépendant dans les prochains mois. Ni dans l’année. Et cela, parce qu’il existe une très grande différence entre les court, moyen et long termes.

Faire la distinction entre les court, moyen et long termes

Attention à ne pas s’emmêler les pinceaux. Les entreprises créent de la valeur et de la richesse mais essentiellement sur le long terme. Ce que je veux dire par là, c’est qu’il faut du temps pour que l’impact de ton projet ne se fasse sentir sur le terrain.

Comme je suis terre-à-terre, je vais illustrer mes propos avec un exemple.

Supposons que tu sois un(e) jeune entrepreneur(e) à la tête d’une start-up faisant dans l’économie numérique. Ton projet consiste à mettre sur pied un moyen de paiement mobile pour pallier au faible taux de bancarisation dans ton pays et ta sous-région.

Sur le long terme, le but est que toutes les personnes qui n’aient pas accès aux services bancaires tels que les travailleurs informels ou les chômeurs, puissent stocker leur argent et acheter des services en toute sécurité.

Sur le long terme, ton entreprise va changer la donne pour ces personnes et te permettre de générer un chiffre d’affaires non négligeable grâce aux commissions prélevées sur chaque opération.

Ça, c’est sur le long terme.

Pour atteindre un nombre considérable de personnes, il te faudra au moins 5 ans. Mais pendant ce temps, non seulement, tu devras faire face à des charges fixes mais aussi investir dans ton déploiement.

la différence cruciale entre objectifs à court, moyen et long terme - entreprendre chômage

C’est là qu’interviennent les court et moyen termes.

On parle d’objectif à moyen terme lorsque le délai d’atteinte est compris entre 3 et 5 ans. Pendant cette période, tu devras régulièrement communiquer pour que ton produit soit connu et adopté par les populations.

Prenons le cas du Cameroun car c’est le pays que je ne connais bien.

Cela signifie faire des opérations marketing de terrain constantes car le taux de pénétration d’internet n’est que de 20%. Cela implique des spots publicitaires à la télé et à la radio car ce sont les voies les plus utilisées. Cela englobe aussi des ajustements stratégiques et bien sûr des tarifs plus bas que ceux proposés par les agences de transfert d’argent.

Et pour tout cela… tu dois payer.

Sans oublier les objectifs à court terme, c’est-à-dire les salaires des employés, les rémunérations des prestataires, les impôts, etc. J’en avais déjà parlé en évoquant mes erreurs d’entrepreneure débutante mais je le répète :

« La rentabilité en 6 mois, ça n’existe pas ».

PS : Ce n’est pas parce que c’est ton entreprise que tu ne dois pas te payer. Personnellement, je ne suis pas adepte de cette idéologie.

Toi et moi, sommes des êtres humains évoluant dans des sociétés à tendance capitaliste. Il faut que tu manges, que tu t’habilles, que tu te soignes, et si tu as des enfants, que tu t’en occupes. Et pour tout ça, il faut de l’argent : paies toi !

Ce qui me permet d’enchaîner sur le point suivant.

De la nécessité d’avoir une source de revenus régulières pendant les premières années

Après avoir lu tout le chapitre précédent, faut-il vraiment que je t’explique pourquoi il te faut une source de revenus régulière pendant les premières années ?

Souvent, quand je me rends dans des forums sur l’entrepreneuriat, les speakers évoquent le fait de ne pas prendre dans la caisse de l’entreprise pour se remplir les poches. Au début, c’est l’inverse : ton argent fera fréquemment le trajet de tes poches à la caisse de l’entreprise.

Pour être claire : tu vas beaucoup dépenser, probablement plus que tu ne l’auras prévu.

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Parce que tu ne connais pas encore ton marché. Parce que tu devras essayer différentes stratégies de communication pour voir laquelle offre les meilleurs résultats. Parce qu’il se peut que tu doives tout reprendre de A à Z.

Il est possible de réussir en entreprenant avec un petit budget mais dans ce cas : conserves ton emploi jusqu’à ce que tu puisses te dégager ne serait-ce que le salaire minimum.

entreprendre en étant au chômage - tout sauf un conte de fées - pin it!

Sur le papier, les success stories où les héros ont fait le grand saut dans le vide avant d’atterrir dans une piscine remplie de billets de 100 dollars mettent l’eau à la bouche.

Dans les faits, c’est tout autre chose. Vivre au petit bonheur la chance et mettre tous tes œufs dans le même panier sont 2 des habitudes qui te condamnent à vivre dans la pauvreté. Sur le plan personnel, le dénuement matériel a un sérieux impact émotionnel. Ce n’est pas par hasard que les chômeurs longue durée ont tendance à tomber dans la dépression…

Garder ton emploi te permettra d’atterrir sur tes 2 pieds si ton entreprise ne décolle jamais. Avoir un plan B te permettra de travailler avec moins de pression et donc de ne pas être prêt à tout pour décrocher un contrat.

Et à moins que tu ne sois issu d’une famille aisée prête à te soutenir financièrement pendant plusieurs années, il te faudra avoir des rentrées d’argents régulières.

Dans le feu de la passion, tu n’y penses peut-être pas. Tu es convaincu que ça va marcher. Que le marché n’attend que toi. Et pourtant… n’oublies pas que le business sûr n’existe pas.

Ce que j’entends par business sûr ? C’est l’idée d’entreprise qui a 0% de chances d’échouer et 100% de dépasser toutes les attentes.

Je sais que je me répète, mais ne dit-on pas que la répétition est la mère de l’enseignement ? Je remets donc le CD en boucle : Ne mets jamais tous tes œufs dans le même panier !

Concrètement, que faire ?  

Je pourrais parler des heures de la dynamique entrepreneuriat et chômage, mais je vais m’arrêter là. L’entrepreneuriat n’est pas une panacée, ce n’est pas le monde des Bisounours et surtout ce n’est pas la solution miracle au chômage.

Est-ce que les entreprises créent de la valeur et de la richesse ? Oui, assurément mais pas après plusieurs années.

Pour faire de l’argent, il faut de l’argent. Les utopistes peuvent grincer des dents à la lecture de cette phrase, mais c’est un fait.

lancer une entreprise business nécessite de l'argent - réalité chômage

Et une personne qui vient juste d’être diplômé ou qui est au chômage n’a généralement pas cette capacité financière. Les proches peuvent aider mais à moins d’être issu d’une famille riche, à un moment, l’argent redeviendra un frein.

L’entreprise qui démarre avec 0 francs n’existe pas. Assurer la production de ses biens ou la délivrance des services a un prix. Payer des prestataires disposant de compétences cruciales a un coût. Se faire connaître a un prix.

Quand on n’est pas capitaliste, on n’ouvre pas d’entreprise.

Bien que… même les associations et œuvres humanitaires doivent disposer d’un business plan pour être pérennes.

Cher lecteur, ne te méprends pas. Je ne suis pas contre l’entrepreneuriat mais je suis opposé à :

  • L’entrepreneuriat bling-bling : tout le monde n’est pas Bill Gates, et c’est bien. Ce n’est pas parce que l’idée du projet n’est pas révolutionnaire que son impact réel est moindre.
  • L’utilisation de l’entrepreneuriat jeune comme bouche-trou pour se dégager de toutes responsabilités dans un échec socio-politique monstrueux.
  • Le fait de présenter l’entrepreneuriat comme la liberté absolue et le salariat comme la servitude à outrance. En tant freelance / indépendant / PDG / entrepreneur / CEO / leader (rajoutes la mention qui te sied le mieux), chaque client est ton boss.

Est-ce à dire que si tu ne parviens pas à décrocher un emploi, tu es voué à pleurer matin , midi et soir devant ta télé ? Non, pas du tout. Si je pouvais donner des conseils aux personnes désireuses de se lancer dans l’entrepreneuriat, ce serait ceux-ci :

  • Trouver une source de revenus alternatives (autant que possible). Je sais que ça devient lourd à force d’être répété mais cela améliorera considérablement ta vie d’entrepreneur.
  • Commencer petit avec une AGR (Activité Génératrice de Revenus) et ensuite, si le projet a démontré du potentiel, gravir les échelons pas à pas.
  • Rester concentré sur les résultats concrets. Je remets les deux derniers mots en gros et en gras : RÉSULTATS CONCRETS. Passer à la télé n’est pas un résultat. Être bénéficiaire de X programme, Y bourse et Z récompense n’est pas un résultat.
  • Ne pas tout miser sur internet. Surtout au Cameroun, en Afrique en général, et depuis que l’audience organique de Facebook ne cesse de chuter drastiquement. Sur le Continent, seul 50% de la population a accès à internet. Et au Cameroun, on tourne autour de 20%. Donc de grâce, les révolutions et les grandes leçons de morale sur Facebook ou WhatsApp…
  • Le terrain, le terrain et encore le terrain. Les gros business plans avec tableaux et graphiques, c’est bien. Les publications sur les réseaux qui sont tellement longues qu’il faut appuyer « voir plus » même 4 fois pour en voir le bout, c’est aussi bien. Mais descendre sur le terrain et se confronter à l’utilisateur final, c’est mieux.

Cher lecteur, c’est bon. Tu peux enfin souffler. Nous sommes arrivés au bout de cet article de plus de 1 600 mots. L’entrepreneuriat est un sujet ouvert aux débats. Je sais que tu brûles d’impatience de partager ton avis.

Je t’en prie, les commentaires sont à toi.

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pourquoi entreprendre ne te rendra jamais riche rapidement - pin it!

10 commentaires

  1. Thank you for voicing out my opinion so well

  2. […] entrepreneur n’est pas facile et à coup sûr, ce n’est ni le remède miracle au chômage, ni la vie de rêves que certains startuppeurs essayent de vendre à tout […]

  3. […] la scène entrepreneuriale avec plus de réalisme que d’utopisme, ce n’est pas une surprise. L’entrepreneuriat n’est ni la solution miracle au chômage, ni un moyen de se créer un revenu i…. Avant de lancer son business, il faut développer des compétences pointues dans un domaine […]

  4. […] de pitchs, levée de fonds, crowdfunding et notamment le fait de vendre l’entrepreneuriat comme solution au chômage, alors que… sont quelques exemples de ces éléments qui […]

  5. […] rentabilité en six mois n’existe pas. L’entrepreneuriat est très loin (mais vraiment très loin) d’être la solution miracle au chôm…, que nenni ! Pendant les premiers mois, ton objectif principal sera de bâtir une communauté […]

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