Très cher clan,
Il y a quelques jours, j’ai vécu mes premières heures en tant que nomade digital aux Philippines. Vous l’aurez compris : j’ai quitté le Cameroun.
Et sincèrement, je n’ai qu’un regret : ne pas être partie plus tôt.
Dans cette vidéo, je vous partage les raisons qui m’ont poussé à prendre le large. Et surtout, je vous donne cinq signes clairs qu’il est temps d’aller voir ailleurs.
⭐⭐⭐ La vidéo YouTube reprenant l’article ⭐⭐⭐
Mais avant, je me présente rapidement. Promis juré, mon intro ne fera pas plus de 30 secondes.
Je m’appelle Magali alias le Samouraï des mots.
En 2018, je suis tombé sur la rédaction web et depuis, j’y suis calée.
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Bon… je crois que j’ai tenu ma promesse. Je me suis présenté en moins de 30 secondes.
Maintenant que c’est fait, passons aux confidences.
Si je suis parti du Cameroun, c’est parce que cinq choses me tuaient à petit feu. Et même si vous êtes malin comme un singe, impossible que vous ayez deviné la numéro une.
Signe n°1 : un ennui mortel
La première chose qui m’a fait quitter le Cameroun, c’est… l’ennui.
Je suis Camerounaise. J’ai vécu toute ma vie au 237. Mais bon Dieu, que je m’y ennuie.
Alors, je ne suis pas du tout une fêtarde. Je suis partie en boîte de nuit trois fois dans ma vie et ça ne manque pas.
En plus, je ne suis pas une foodie. Je mange pour survivre et rien d’autre. Je n’ai pas de plaisir particulier à manger ou à découvrir de nouvelles saveurs.
Or, à Yaoundé, si vous voulez vous occuper, ce sont essentiellement des restaurants et des snacks. Deux choses qui me laissent absolument indifférente.
Moi personnellement, j’aime les activités en plein air et tout ce qui touche à la culture.
Par exemple, j’adore visiter les temples et les lieux chargés d’histoire. Je ne sais pas… Je trouve qu’il y a une puissance qui émane de ces lieux.
J’ai aussi une grosse passion pour les musées, les galeries et les expositions. En fait, j’aime l’art. Je trouve que l’art va au-delà du beau. C’est vraiment un moyen de nourrir son âme et de cultiver sa créativité.
Mais je vous rassure. Je ne suis pas le cliché de l’intello à lunettes qui passe sa vie avec le nez dans des livres poussiéreux.
Je suis une fille de la nature.
Forcément, je reprends des forces dès que je suis dans de vastes étendues sauvages. J’adore les randonnées, l’escalade, la plongée sous-marine, la natation en eau libre… Vraiment, j’adore tout ce qui me met « dehors ».
Malheureusement, au Cameroun, mes options sont limitées.
D’ici, je vois déjà les rageux. Je n’ai pas dit qu’il n’y a pas de sites écotouristiques ou de musées au Cameroun. Il y en a quelques-uns que j’ai déjà fait.
Du coup, comme Light Yagami, je m’ennuie à mourir.
Et ce n’est pas un sentiment passager.
C’est un manque de stimulation si profond que mes journées étaient devenues maussades.
De lundi à samedi après-midi, je travaillais. Et après ? Comme un poisson rouge coincé dans son bocal, je tournais en rond à la maison.
Ça a l’air pénible, n’est-ce pas ? Pour avoir endurer ce calvaire trop longtemps, je peux vous assurer que c’est le cas.
Mais vu que je ne suis pas un arbre, il n’y a pas de raisons pour que je reste dans une situation qui ne me convient pas.
J’ai donc inspiré un grand coup et ai plongé dans l’inconnu.
Surtout qu’avec le temps, la raison numéro deux allait de me rendre aigrie…
Signe n° 2 : le patriotisme n’excuse pas tout
Mon deuxième leitmotiv, c’est que le Cameroun me fatigue.
J’y suis né, j’y ai vécu toute ma vie et malgré tout, je n’en peux plus.
À titre personnel, je trouve qu’il y a beaucoup de tolérance envers des anormalités. Je parle de la corruption, des abus de pouvoir, du faux et du bâclage de travail.
Je sais que ceux qui croient aimer le Cameroun plus que le reste du monde vont se fâcher.
Mais voilà, le Cameroun est un pays rongé par ces maux aussi bien au-niveau étatique que personnel.
En foi de quoi, même réaliser des tâches simples requièrent beaucoup plus de ressources que nécessaire pour un résultat mitigé.
Je vous donne un simple exemple.
L’un de mes frères a acheté une armoire à monter.
Normalement, ces meubles sont livrés avec un guide papier pour l’installation maison. Pas au Cameroun.
Ici, les techniciens les retirent systématiquement pour obliger le client à rajouter 10 000 ou 15 000 francs CFA pour le montage. Le tout en parlant mal aux acheteurs.
En fait, c’est comme si j’envoyais à l’un de mes clients un document Word protégé par un mot de passe. Et quand il se plaint, je lui réponds que la rédaction a un prix et le code a en un autre.
Personnellement, cette manie de coincer les acheteurs pour gratter plus me choque.
Pourtant, c’est une pratique normalisée par les entreprises camerounaises.
Et ce n’est qu’une illustration.
Il y a aussi les routes qui n’ont pas de sens, l’électricité qu’on coupe matin midi et soir, les pénuries de carburant, l’eau qui est inexistante dans certains quartiers, le système judiciaire qui ne fonctionne pas, la normalisation des agressions verbales et physiques, …
Bref… It’s a mess.
Et je sais que cela peut sembler être des petits détails mais pour moi, ça ne l’est pas. Et surtout, tous ces éléments s’accumulent et créent un effet boule de neige.
Par exemple, juste en roulant 20 minutes, vous êtes frustré parce que les trous dans les routes abîment votre voiture.
Ensuite, au cours de la journée, vous tombez sur 3-5 personnes qui vous agressent verbalement, juste pour le sport. Au moment de rentrer, vous êtes nez-à-nez avec un mendiant qui a l’impression que vous avez une dette envers lui.
Et finalement, vous arrivez chez vous pour découvrir qu’il n’y a pas d’électricité car ENEO fait des siennes et pas d’eau car le plombier a bâclé le travail.
Imaginez un peu tout ce stress accumuler sur 365 jours… C’est frustrant.
Toutefois, mon plus gros souci avec le Cameroun, c’est que les Camerounais ne nient pas la corruption, le faux ou le travail mal fait. C’est pire que ça. Ils normalisent et justifient ces attitudes absolument déplorables.
Et quand vous refusez de suivre le rythme, vous devenez le problème.
Tout ça fait qu’en plus d’être stressant, le Cameroun a un très mauvais ratio efforts fournis sur résultats obtenus.
Vous travaillez comme une bête pour pas grand-chose, notamment en termes de qualité de vie.
Ce qui m’amène au troisième point.
Signe n° 3 : avoir une meilleure qualité de vie
J’aspire à de meilleures conditions de vie.
Vraiment, pouvoir prendre une douche chaque jour ne devrait pas être un luxe.
Je suis fatiguée de devoir faire des saltos arrière pour combler des besoins basiques. Et c’est un épuisement qui grandit en moi depuis ma tendre enfance.
Très cher clan, je vais rapidement vous parler de mes origines pour contextualiser.
Comme vous le savez, je suis Camerounaise.
Je suis issue d’une famille de la classe moyenne du 237. J’ai fait mes études dans des collèges standards puis à l’université publique. Les vacances, j’allais au village ou chez mes cousins.
La classe moyenne, quoi…
Mais même là, je ne trouvais pas ça normal qu’il soit si difficile d’accéder à des choses aussi simples que l’eau potable.
Ensuite, à l’âge adulte, quand j’ai eu mes propres revenus, j’ai commencé à voyager.
Ça a confirmé ce que je savais déjà alors que je n’étais qu’une enfant : la souffrance n’est pas une obligation.
Je suis à point de mon existence où je veux profiter de la vie et non la subir. Cette saison s’appelle « sérénité ».
Je ne veux plus avoir des cheveux blancs pour des besoins basiques tels que l’eau, l’électricité, les routes ou la sécurité. Je voudrais aussi évoluer dans un environnement moins agressif.
Je suis polie envers tous ceux qui croisent ma route. Je souhaiterais vivre dans un endroit où l’on me renvoie la même énergie.
À côté de ça, comme mentionné dans le premier point, il y a l’aspect « stimulation ».
J’adore les musées, les parcs d’attraction, les escape houses, les expositions, … Je ne sais pas. Je veux vivre plus d’expériences, avoir plus de possibilités, et ce, de manière quotidienne.
Je n’ai pas envie d’attendre quand je prends mes congés pour tester le saut en parachute ou je-ne-sais-quoi.
Actuellement, au Cameroun, mes options d’expansion personnelle sont très limitées. Et du coup, ça me frustre tout en m’obligeant à faire du surplace.
En fait, actuellement, le Cameroun est une boîte qui ne me suffit pas.
C’est d’ailleurs la 4e raison de mon départ.
Signe n°4 : stagner personnellement et professionnellement
Je n’évolue plus.
Aussi bien personnellement que professionnellement, je sens que j’ai atteint un plafond.
Commençons par les opportunités entrepreneuriales.
Le digital a changé ma vie.
Réellement, s’il n’y avait pas internet, je ne sais pas ce que je serais devenue.
Le hic, c’est qu’en tant que résidente du Cameroun, je suis cantonnée à un certain niveau.
Par exemple, obtenir un compte bancaire personnel américain/asiatique/européen via une néo-banque est désormais impossible.
Pour accéder aux processeurs de paiement, l’unique option est de créer une entreprise offshore.
Et si je veux lancer une activité en ligne autre que le dropshipping ou la prestation de services, c’est mort. Non seulement je devrais faire face aux soucis logistiques mais aussi, les paiements en ligne ne sont pas ancrés dans les mœurs africaines.
Et bien sûr, il y a les infrastructures supportant le digital.
À gauche, c’est la vitesse de ma box Orange au Cameroun. À droite, c’est le débit de ma box aux Philippines. Je crois que ça se passe de commentaires.
Du coup, à cause de tous ces facteurs, il y a plusieurs idées de business en ligne qui sont hors de ma portée.
Sur le plan personnel, aussi, je sens que je stagne.
Vu que je fais très peu de nouvelles expériences, je ne progresse plus.
Je ne sais pas comment expliquer ça… Pour grandir en tant qu’être humain, il faut côtoyer des personnes différentes et essayer de nouvelles choses.
Or, au Cameroun, je n’ai plus rien à faire. Et vu que ce n’est pas vraiment un hub international, la population est relativement homogène.
Je veux échanger avec des personnes qui ont vécu des choses qui sortent de mon quotidien actuel. Je veux apprendre au contact d’individus différents qui ne vivent pas et ne pensent pas comme moi.
Statistiquement parlant, si je me rends dans une ville plus cosmopolite, j’ai plus de chances d’élargir mon horizon.
Du coup, il est temps pour moi de faire mes valises.
Et pour finir cette vidéo que je ne veux pas hyper longue, passons vite au dernier point.
Signe n°5 : la recherche d’un nouveau foyer
J’ai envie de m’expatrier.
Pas maintenant car je ne sais pas exactement où je veux vivre. Et pas indéfiniment, peut-être pour trois, cinq ou dix ans.
C’est d’ailleurs l’un des objectifs de ce grand voyage.
Je vais en profiter pour voir si l’un des pays d’Asie du Sud-Est peut devenir mon nouveau foyer.
Si c’est le cas, je vais rentrer au Cameroun et faire toutes les démarches légales pour m’y installer d’ici 2025-2026.
Maintenant, c’est plus une idée qui me trotte dans la tête qu’un projet sur lequel je me donne à fond.
Vraiment, je vais voir…
Pour l’instant, je compte juste profiter du voyage et si, par hasard, j’ai un coup de cœur, je vais prendre le temps d’y réfléchir.
Le mot de fin
Le but de cette vidéo n’est pas de tirer sur le Cameroun.
Mais plutôt d’expliquer pourquoi, à ce stade de ma vie, je pense que le Cameroun et moi devons faire un break.
Ça fait déjà plusieurs années que ma voix intérieure me dit qu’il est temps d’aller explorer d’autres pâturages.
Je voudrais savoir si c’est quelque chose que vous avez déjà eu à ressentir. Cette intuition qu’il n’y a plus rien pour vous à l’endroit où vous êtes.
Si vous envisagez d’émigrer – légalement -, je brûle d’envie d’en savoir plus sur vos raisons.
Et si vous avez déjà sauté le pas, je serais heureuse de savoir quand exactement vous avez su qu’il était temps de partir.
Encore merci d’avoir regardé la vidéo jusqu’ici.
Mettez un pouce pour lui donner de la force. Et en commentaires, mettez « Au revoir Cameroun » pour m’indiquer que vous êtes arrivé jusque-là. Oh… Et abonnez-vous.
Tchiao !
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