Vous êtes-vous déjà retrouvé nu(e), face orientée vers le sol, dans une pièce calfeutrée et aux lumières tamisées avec les mains d’un parfait inconnu sur le corps, tout cela pour obtenir au final un sentiment de plénitude intense ?
… … …
Non, ce n’est pas la scène d’un film pour adulte de seconde zone. C’est strictement professionnel et dans les lignes qui suivent, vous découvrirez que c’est surtout exclusivement biochimique.
Faut-il encore rappeler les vertus du massage ? Antidouleurs, anti-inflammatoire, mais surtout anti-stress par excellence. Etant donné que ce n’est pas le but de ce billet, confères Google pour plus d’informations.
Par contre, ce dont nous allons discuter, c’est des mécanismes qui font du massage une thérapie à part entière. Ils sont de trois ordres : physique, hormonal et surtout génique. Très cher lecteur, soit prêt : tu ne verras plus jamais le massage de la même façon !
Jeux de mains, jeux de vilains : fascias et collagène
Les fascias… Ce nom ne t’évoque probablement pas grand-chose et pourtant c’est grâce à eux que ton apparence physique est telle quelle.
Il s’agit de membranes fibreuses qui enveloppent et recouvrent chaque élément du corps : muscles, nerfs, os, vaisseaux sanguins, organes. En fonction de l’activité, les fascias ont la capacité de changer de texture, oscillant entre un aspect gélatineux et une texture liquide. C’est ce qu’on appelle la thixotropie.
Exactement comme de la gélatine, les fascias se liquéfient lorsqu’ils sont chauffés et se solidifient lorsque la température baisse.
Par exemple, lorsque vous faites du sport, au début, vous vous sentez lourds et engourdi. Mais au fur et à mesure, votre température augmente, vous commencez à transpirer mais surtout, vous vous sentez plus léger et vos mouvements deviennent aisés. C’est grâce à la thixotropie de vos fascias.
La thixotropie des fascias est liée à la présence dans leur structure de la protéine appelée collagène. Elle, vous en avez forcément entendu parler.
C’est une molécule très prisée dans l’industrie cosmétique et actif phare des crèmes minceur, raffermissantes ou antirides. C’est une protéine solide qui se caractérise par le fait qu’elle se lie avec d’autres protéines de collagène en établissant des liaisons Hydrogène (H), qui elles, sont de faibles liaisons.
Vous l’aurez compris : ces protéines forment donc des complexes protéiques extrêmement modulables. Ce sont ces liaisons H qui permettent au collagène de renforcer vos ligaments et tendons, de combler les rides ou d’avoir une peau plus ferme. La mauvaise nouvelle, c’est que ces liaisons H vont aussi créer des jonctions en cas de mauvaise posture ou d’inactivité prolongée.
Pendant le massage, les mouvements du masseur vont chauffer les fascias et les liaisons Hydrogène vont se rompre, ce qui rendra la surface malléable. Le praticien pourra alors lui inculquer une nouvelle forme, laquelle sera maintenue grâce à l’établissement de nouvelles liaisons H.
Biochimiquement, c’est de la thixotropie. En centre de massage, ça s’appelle le modelage.
Les hormones : ouvrières du silence
Aussi surprenant que cela puisse paraître, très peu d’études scientifiques ont été faites sur le massage. À croire que le sens commun ou les effets ressentis par les patients ont été pris pour argent comptant…
Il n’en reste pas moins que les hormones ont été clairement établies comme responsables des bienfaits psychologiques du massage. Vous avez des doutes ? Demandez à une femme enceinte de vous décrire sa courbe émotionnelle.
Lors du massage, les mouvements, en plus d’affecter les fascias, sont considérés comme un stimuli par l’organisme, lequel va répondre en agissant sur les taux de certaines hormones.
Field et al. (2004) ont démontré que l’effet anti-stress du massage était lié à une réduction du taux de cortisol et à une hausse des taux de sérotonine et de dopamine.
Pour rappel, le cortisol est une hormone produite à partir du cholestérol, sous la dépendance de l’ACTH hypophysaire et qui intervient notamment dans la hausse du taux de glycémie et l’inhibition de certaines réponses immunitaires. Un faible taux de cortisol impliquerait une meilleure réponse immunitaire et surtout un état de relaxation.
Des résultats confirmés par Rapaport et al. (2012) qui ont établi qu’un massage de 45 minutes provoquerait une baisse du niveau d’ACTH et une hausse du taux de lymphocytes de 18% en moyenne.
La sérotonine et la dopamine, quant à elles, sont des neurotransmetteurs qui renforcent la motivation et surtout confèrent une agréable sensation de satisfaction. C’est pourquoi elles sont surnommées « hormones du bonheur ».
En plus de vous faire flotter sur un petit nuage, la sérotonine intervient dans le contrôle de la douleur et de l’agressivité. Si après une séance de massage, vos douleurs disparaissent et que l’anxiété n’est plus qu’un lointain souvenir, c’est grâce à ces composés biochimiques. Pensez à leur dire merci !
ADN, ADN… Dis-moi qui est le meilleur…
L’ADN est la clé de tout, la base de tout, même dans le cas du massage. Quand l’ADN s’exprime, on parle d’expression génique. L’expression génique désigne l’ensemble des processus biochimiques par lesquels l’information héréditaire stockée dans un gène est lue pour aboutir à la fabrication de molécules qui auront un rôle actif dans le fonctionnement cellulaire, comme les protéines ou les ARN.
En dehors de la thixotropie et des variations hormonales, les stimuli du massage provoquent au sein de l’organisme l’activation de gènes spécifiques.
Tarnopolsky et al. (2012) ont révélé que le massage provoque l’activation du gène PCG 1-alpha, lequel intervient dans la synthèse des mitochondries, les organites cellulaires responsables de la production d’énergie. En parallèle, le taux de NFkB, responsable de l’activation d’un gène lié à l’inflammation, est divisé par trois d’où l’effet anti-inflammatoire du massage.
Cher lecteur, si tu lis ce dernier paragraphe, alors je suppose que je ne t’ai pas perdu dans une pléthore de termes techniques.
Tu l’auras compris : ce qui peut sembler magique au massé n’est que la réponse biochimique de l’organisme à des stimuli. Si tu souhaites nous faire une suggestion, tes remarques sont attendues en commentaires mais surtout, SURTOUT, abonnes toi au blog!
Références bibliographiques
Field Tiffany, Maria Hernandez – Reif, Miguel Diego, Saul Schanberg, Cynthia Khun (2004) cortisol decreases and serotonin and dopamine increase following massage therapy. International Journal of Neurosciences, 2005, 10(115) : 1397-1413.
Mark H. Rapaport, Pamela Schettler, Catherine Breese (2012) A preliminary study of the effects of repeated massage on hypothalamic–pituitary–adrenal and Immune function in healthy individuals: A study of mechanisms of action and dosage. Journal of Alternative and Complementary Medecine, 2012, 18(8) : 789–797.
Tarnopolsky MA, Bourgeois JM, Hubbard A, Melov S, Cupido C, Oqborn DI, Crane JD (2012) Massage therapy attenuates inflammatory signaling after exercise-induced muscle damage. Science Translational Medicine, 2012, 4(119): 119-123
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