Eldorado : pays merveilleux d’abondance et de délices (les dictionnaires Le Robert).
Aussi appelé terre promise ou Éden, un eldorado est un lieu où seules sont admises prospérité et abondance. Imagines un instant que tu n’aies plus jamais besoin d’effectuer des équations à X inconnues pour payer tes factures. Que tu puisses avoir un équilibre parfait entre carrière et vie personnelle. Imagines…
Et si je te disais qu’un tel lieu existait ? À vrai dire, tu es justement en train d’y flâner.
Quoi ? Tu n’as aucune idée de ce dont je parle ? Cher lecteur, je fais référence au World Wide Web et aux possibilités sans fin qu’ils offrent. Aujourd’hui, je t’amène dans les méandres du code binaire.
Selon Internet Live Stats, 39,3 % de la population Africaine est connectée à internet. Je sais… Cela peut sembler faible en comparaison de la moyenne globale de 58,8 %. Pour autant, que cette statistique ne vienne à bout de ton enthousiasme.
En effet, pour les entrepreneurs Africains désireux de se lancer sur internet, le XXIe siècle recèle un certain nombre d’avantages.
Quels sont les avantages compétitifs des entrepreneurs Africains ?
Même si tu n’en as pas l’impression, le fait de vivre sur le Continent Mère te donne des avantages notables en entrepreneuriat numérique. Le tout est d’apprendre à voir le verre à moitié plein…
Le faible coût de la vie
Impossible de ne pas commencer par cet argument. En termes de coût de vie, l’Afrique a un atout redoutable dans sa manche. Oui… La balance de conversion monétaire est un gros plus pour les entrepreneurs Africains.
Avant que tu ne fasses la moue, laisse-moi expliciter ma pensée.
Pour vivre confortablement à Paris, un particulier devra gagner au moins 1 400 € (910 000 F CFA) nets/mois (source : France-hotel-guide.com). Et ce budget n’est valable que s’il réside en colocation et rogne sur certains plaisirs tels que les vacances exotiques ou des restaurants hauts de gamme.
À titre de comparaison, un Médecin Camerounais exerçant dans la fonction publique gagnera environ 250 000 F CFA (385 €), lesquels lui permettront de vivre confortablement. Appartements dans un quartier respectable, vacances sur le continent, enfants dans écoles privées, … Sans en être ultra riche, il n’aura pas à se plaindre de sa situation financière.
Vois-tu où je veux en venir ?
Au-travers des industries digitales offshore, un entrepreneur Africain peut avoir une meilleure qualité de vie que son comparse Européen en effectuant exactement le même travail. Mieux encore… Il peut vivre comme un pacha dans sa contrée d’origine en travaillant moins et en ayant même des tarifs inférieurs à ceux pratiqués sur le Vieux continent.
Prenons un exemple concret. Après avoir interrogé une centaine de rédacteurs web Français, Indeed a conclu que leur salaire moyen était de 1 777 €/mois. Ne te laisse pas induire en erreur par un biais de confirmation… Même si 1 777 € = 1 155 050 F CFA, il faut comparer ces revenus au SMIC français, lequel est de 1 539,42 €/mois.
Pour faire simple : le rédacteur web Français gagnant 1 777 €/mois vit juste au-dessus du seuil de pauvreté.
En revanche, le Camerounais remportant la même somme vit comme un pacha. Il gagne presque autant qu’un Directeur de département exerçant pour une multinationale.
Même si le terme offshore fait grincer des dents, il ne faut pas s’y limiter. En jouant sur la différence de conversions, les Africains sont les grands gagnants de l’externalisation de procédés. Et cela tombe bien. Car en plus de cet avantage substantiel, les freelances Africains peuvent se targuer des revenus horaires similaires à ceux de leurs compatriotes d’Europe.
Des salaires aux standards internationaux
Oui… Je sais. Tu ne t’attendais pas à cela. Trop habitués à croire que les Africains sous-payés à cause de la dénomination « offshore », tu as fini par intégrer cette idée préconçue. Tu n’imagines pas à quel point c’est faux…
Dans son rapport 2022, Payoneer, une société spécialisée dans les paiements internationaux, brise ce mythe. Après avoir interrogé plus de 2 000 freelances issus de 100 pays, l’entité a pu chiffrer les salaires horaires moyens des travailleurs digitaux. Apprête-toi à être secoué…
- Amérique du Nord : 44 USD (= 38,77 EUR = 25 200 F CFA) / heure.
- Europe de l’Ouest : 31 USD (= 27,31 EUR = 17 751 F CFA) / heure.
- Amérique du Sud : 24 USD (= 21,15 EUR = 13 748 F CFA) /heure.
- Amérique centrale : 22 USD (= 19,38 EUR = 12 597 F CFA) /heure.
- Asie : 22 USD (= 19,38 EUR = 12 597 F CFA) /heure.
- Afrique : 22 USD (= 19,38 EUR = 12 597 F CFA) /heure.
- Europe centrale et de l’Est : 22 USD (= 19,38 EUR = 12 597 F CFA) /heure.
Comme tu peux le constater, en moyenne, un Tchadien gagne autant qu’un Hongkongais, qu’un Costa Ricain ou qu’un Roumain. Et en comparaison d’un Belge, ses revenus sont inférieurs de seulement 29 % pour un coût de vie beaucoup plus bas et des taxes plus légères.
Sais-tu ce que cela signifie ?
À volume de travail égal, un entrepreneur digital Africain a une qualité de vie supérieure à un freelance Européen ou Asiatique. Et avec la COVID-19, les opportunités de travailler sur internet ont été démultipliées.
Le boom de l’industrie numérique
Quand le virus SARS-CoV-2 a étendu son voile sur la petite planète bleue, les cartes ont été redistribuées.
En 2021, 334 millions d’Africains ont eu recours à internet pour réaliser des achats en ligne. Financièrement parlant, cette appétence s’est traduit par un chiffre d’affaires annuel de 27 920 millions de dollars (source : statista.com). À l’échelle mondiale, l’e-commerce représente 4,2 trillions de dollars américains (source : statista.com).
Eh oui… Quand la COVID-19 a mis à mal le commerce physique, elle a permis aux échanges numériques de croître de 17 % (source : infomineo.com). Pendant leurs enquêtes, les inspecteurs de Payoneer ont relevé avec joie que 32 % des freelances avaient vu leurs chiffres d’affaires croître avec la pandémie.
Confinés dans leurs résidences ou suite à une mobilité limitée, les entrepreneurs se réinventent. Toujours selon la même enquête, les trois domaines les plus recherchés sont la programmation, le marketing et les finances. Dans une étude parue en 2022, Coursera, le site web dédié aux MOOC, soulignait cette tendance et son impact sur les formations à sélectionner.
De plus en plus d’e-commerces voient le jour. Et pour que ces projets prennent vie, des freelances sont requis tout le long de la chaîne. En feras-tu partie ? Si tu as répondu par la positive, jeune padawan, je me dois de t’avertir : des obstacles se mettront en-travers de ta route.
Quels sont les freins à l’entrepreneuriat numérique ?
Hum… Ce sous-titre me semble familier. Ah oui, je sais… J’en avais déjà parlé dans un article traitant des défis de la monétisation des blogs en Afrique subsaharienne. Parce que la répétition est la mère de l’enseignement, je vais quand même rapidement revenir dessus. En outre, il y a certains éléments qui méritent d’être contextualisés.
L’absence d’un réel système d’adressage
Étant donné que le Cameroun est le pays que je connais le mieux, je vais m’y cantonner. Sur la Terre des Lions Indomptables, le système d’adressage n’existe que sur le papier. Et comme l’attribution de boîtes postales n’est pas automatique, rares sont les résidents à en posséder. Petite précision… Les boîtes postales sont hébergées dans des agences de la Campost.
Concrètement, cela signifie une chose. Pour celui désire d’ouvrir un site e-commerce, la logistique sera une zone sensible. Fais une croix sur les revenus passifs liés aux dropshipping ou aux envois de masse.
À chaque fois, il faudra appeler le client, caler une date de livraison et déplacer un agent. Tout cela fait croire le prix des biens et pénalise fortement la vente sur le marché intérieur.
Un casse-tête chinois pécuniaire
Entends par là que te faire payer te donnera des cheveux blancs. À l’échelle continentale, le taux de bancarisation n’est que de 15,7 %. Et là, tu me répondras qu’il y a le mobile money… C’est vrai. Toutefois, les frais sont plus élevés que les virements bancaires et surtout cela ne fonctionne qu’à l’échelle nationale/régionale.
Pour le freelance Africain qui désire exporter son savoir-faire, le chemin est loin d’être pavé de roses. Étant donné que PayPal, Stripe et autres classiques du e-banking ne permettent pas de se faire payer en Afrique, la tâche peut être complexe. Heureusement, c’est loin d’être une fatalité.
En ayant recours à des e-banques telles que Paysera ou des EMI à l’instar de Payoneer, cette barrière cesse d’exister. Je t’en dis plus dans ce guide complet sur comment recevoir des paiements internationaux depuis l’Afrique.
Le faible taux de pénétration d’internet
Bien que je l’ai déjà évoqué en introduction, une piqûre de rappel s’avère nécessaire.
En Afrique, seulement 39,3 % de la population est connectée à internet. Derrière ce chiffre se cache une très grande disparité. Si, comme moi, tu vis dans une métropole, tu n’as sans doute aucun souci pour naviguer dans la toile. En revanche, dans les zones rurales, c’est une autre paire de manches.
En termes de vitesse, la bande passante africaine n’a pas à rougir de ses prouesses. Oscillant entre 0,60 et 24,87 Mbps, elle permet de naviguer sans encombres (source : agenceecofin.com). Par exemple, savais-tu que Madagascar avait une meilleure connexion que la France ou la Russie ?
Alors oui, j’ai listé le faible taux de pénétration comme un inconvénient. Toutefois, cette limitation dépendra fortement de ton lieu de résidence.
En résumé…
Pour les jeunes Africains actifs, internet peut révéler de très belles surprises. Toutefois, attention à ne pas s’y aventurer avec naïveté… La concurrence est rude.
Attirer des clients n’est pas une mince affaire. Disons que c’est comme dans tout système entrepreneurial : il faut relever ses manches pour récolter les fruits. Et pour ceux qui sont prêts à faire des efforts, il est possible de gagner plus que ce qu’offre le marché local.
Es-tu un entrepreneur numérique basé en Afrique ? Envisages-tu de faire le grand saut ?
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