Cher lecteur, si je te demandais de me représenter le bonheur, que dessinerais-tu ? Il y’a fort à parier que tu optes pour un gros smiley jaune affichant un large sourire.
Pour le commun des mortels, dont toi et moi faisons fièrement parti, la joie est associée au massage, aux matinées grasses et aux tasses de thé chaud pendant les matinées froides. Ah oui, et au chocolat… quel sacrilège étais-je sur le point de commettre en omettant le chocolat !?
Ressentir du bonheur, c’est se sentir bien.
Et si je te disais que la joie est quelque chose de plus profond ?
Bien sûr, prendre le temps d’apprécier les petites choses de la vie est un grand pas pour une existence de plénitude, mais ce serait réducteur d’ainsi limiter le ravissement (Clark et al. 2010).
Cher lecteur, en poursuivant la lecture de cet article, tu en sauras plus sur l’évolution du concept du bonheur au fil des âges, tout ce qui provoque l’allégresse et bien sûr tout sur sa forme d’expression la plus pure : le sourire.
Mais d’abord, faisons un retour plusieurs siècles en arrière aux temps d’Aristote et de Cicero.
Le bonheur aux temps des anciens grecs
Si je te dis eudaimonia ? A moins que tu ne sois un féru de l’histoire gréco-romaine, il y’a de fortes chances que ce soit ta première rencontre avec cette expression.
Inventé par Aristote, ce vocable qui renvoie au bonheur, est dérivé de deux autres termes : eu signifiant bien et daimon signifiant Dieu, esprit ou démon. Pour Aristote, le bonheur se résume à trouver sa qualité maîtresse et à la cultiver de toutes les manières envisageables.
Le bonheur, c’est plus que se sentir bien, c’est faire le bien (Di Tella et al., 2006).
Et Aristote n’est pas le seul à penser ainsi. Cicero faisait déjà l’apologie de la gratitude comme mère de toutes les vertus et source intarissable de bonheur. Une opinion renforcée par l’étude de Fray et al. en 2002 et plus tard par celle de Martin E. P.
Cultiver la joie, ce serait donc œuvrer quotidiennement à devenir une meilleure personne sur les plans professionnel, personnel et communautaire.
Et pour y arriver, rien n’est plus efficace que d’avoir un but dans la vie et de servir une cause plus grande que soi-même (Headay et al., 1992 ; Kahneman et al., 2006).
Cher lecteur, si tu riais à chaque fois tu entendais parler de mission de vie, de pensée positive ou du pouvoir de la gratitude, laisses-moi te prêter un mouchoir pour essuyer tes larmes.
La joie va de pair avec le développement personnel.
Même s’il a fallu plusieurs années pour mettre des mots sur cette réalité et que c’est devenue la voie de reconversion professionnelle de presque tout le monde, les faits sont là : travailler sur soi-même est la seule voie qui te conduira au bonheur.
Ce n’est pas pour rien que la paix doit commencer à l’intérieur avant de se traduire à l’extérieur.
Maintenant, que ce point est établi, la suite logique serait de se demander quels sont les facteurs qui influent sur le degré de bonheur. Et comme, je suis une personne rationnelle (du moins, je le pense), c’est sur un ton cartésien que je passe à la question suivante :
Qu’est ce qui nous rend heureux ?
Excellente question, et crois-moi sur le fait que les réponses sont assez surprenantes. Si tu es un adepte des techniques de bien-être, tu ne seras peut pas surpris de la plupart des éléments. Toutefois, je suis sûre que tu n’attends pas au premier paramètre.
La génétique
Oui, tu as bien lu : la génétique. D’après Lyubomirsky (2001), 80% de la joie est déterminé par notre ADN. C’est avec force et vigueur que l’auteur clame et haut fort qu’essayer de devenir plus heureux revient à essayer de faire 1m80 alors que nos gènes ne peuvent nous porter au-delà d’1m50 : c’est une vraie perte de temps.
Est-ce que je suis d’accord avec cette conclusion ? Non, pas le moins du monde. Et je ne suis pas la seule. La publication de cette étude a soulevé moult remous dans le monde de la recherche.
Si tu crois que les soaps opéra sont remplis de contradictions, laisses-moi t’accueillir dans le monde merveilleux de la recherche scientifique où X étude contredit Y rapport.
Rien que les autres facteurs de cette liste tirent à bout portant sur les propos de Lyubomirsky.
Le parcours de vie
Selon Diener (1984) puis Oishi et al. (2010), la démographie influence à moins de 10% sur le degré de joie.
Qu’est-ce qui est entendu par démographie ? Il s’agit de l’âge, du sexe, de la race et de l’éducation.
Impossible donc de jeter la responsabilité de ton malheur tes conditions de vie. Même si à la base, tu es né(e) dans un environnement peu favorable, cela ne justifie pas que tu passes toutes tes journées à te morfondre dans le noir.
Le problème, ce ne sont pas les difficultés que nous rencontrons dans la vie, mais la façon dont nous y réagissons.
Tu es le maître de ta vie. Ni ton ADN, ni ta naissance ne choisissent pour toi. Ce sont les décisions que tu prends qui te pousse ou t’éloigne de la gaieté.
Et la première des choses que tu puisses faire pour améliorer ta vie, c’est de bien choisir tes fréquentations.
Des relations sociales de qualité
Tu l’as sûrement entendu maintes et maintes fois : nous sommes la moyenne des 5 personnes que nous côtoyons le plus.
Si tu veux faire entrer la joie dans ton quotidien, détournes-toi des personnes toxiques et développes des relations épanouissantes avec ceux qui te chérissent.
Lu et al. (2001) sont de ceux qui ont démontré cette réalité fondamentale. Si tu désires être plus heureux, les longues heures passées au boulot pour faire grossir ton compte en banque ne sont pas le moyen le plus efficace d’y arriver.
A la place, investis-toi autant dans tes relations avec les autres que tu le fais dans ton emploi.
Sois généreux
Cher lecteur, à ton avis, que se passerait-il si chaque jour, pendant 06 semaines, tu faisais une bonne action ? Je ne te parle pas de trouver un remède contre le cancer ou de te transformer en Mère Theresa…
Juste de quelques petites actions qui amèneront du soleil dans la vie d’une autre personne : donner ta monnaie de caisse à une œuvre caritative, laisser ta place de parking à un automobiliste pressé, aider une vieille dame à traverser la route. Des gestes simples à effectuer et qui ne te prendront pas plus d’une minute.
Cette question, Goodly et al. (2015) ne sont pas contentés de se la poser, ils l’ont testé sur des étudiants et les résultats furent époustouflants. Alors que le groupe contrôle n’a pas noté de changements, les membres du groupe de la générosité ont reporté une amélioration nette de leur sentiment de bonheur.
Être généreux rend non seulement le bénéficiaire heureux, mais également le donateur.
Clairement, la gentillesse est à prescrire à tous ceux qui veulent atteindre le bonheur (Kim et al., 2007).
Et si tu es frileux à l’idée de faire de la générosité une philosophie de vie, je suis certaine que l’étude scientifique d’Izquierdo parue en 2015 saura de convaincre. En résumé, plus on devient altruiste, plus on devient heureux et plus on éprouve de la joie, plus on est gentil.
La gentillesse et l’allégresse se nourrissent l’une de l’autre.
Petit rappel urgent & très important : Il n’est pas question de tolérer certains comportements sous prétexte qu’on est gentil. Dans cet article sur les 05 secrets du bonheur, un point était mis en évidence : aimes ceux qui t’aimes.
Tu es un être unique, rare et exceptionnel. Ne laisses pas les autres abuser de toi ou de piétiner au nom d’une prétendue bonté de cœur. Des fois aussi, il faut savoir dire NON.
Exprimer sa gratitude
A la lecture de l’article exprimer la gratitude pour devenir plus heureux, tu t’es peut-être dit que je devenais utopique. Il n’en est rien. De nombreux coachs tels que Steve Harvey, l’auteur du best-seller « Think like a man, act like a lady » parlent de la gratitude comme voie du bonheur.
Le bonheur, c’est apprendre à apprécier les choses que l’on possède déjà tout en travaillant à acquérir celles que l’on souhaite.
Les listes de gratitude sont devenues des classiques. Tant mieux, cela prouve que de plus en plus de personnes font le choix d’une vie plus heureuse et j’en suis fière !
Mais, je suis une femme de science. Je ne vais pas me baser sur mes émotions et mes aspirations personnelles pour essayer de te convaincre. A la place, je vais utiliser des faits réels et mesurés.
En 1984, Diener a demandé à des patients adultes souffrant de maladies neuromusculaires de noter chaque jour dans un carnet des choses pour lesquels ils étaient reconnaissants. Cela pouvait être de s’être levé ce matin, d’avoir mangé à sa faim, un geste d’affection du conjoint, etc.
Après 03 semaines de reconnaissance quotidienne, devines-quoi ? Ces derniers étaient plus heureux et leur entourage avait noté une amélioration visible de leur humeur.
En 2006, Galati et al., ont répété une expérience similaire avec des étudiants sur une période de 10 semaines. Au final, ceux qui étaient soumis à la tenue quotidienne d’un journal de gratitude étaient devenus plus motivés, enthousiastes et débordaient d’énergie.
Jamais deux sans trois… Finissons en beauté avec l’étude de Colvet-Mir et al. (2008)
Ce dernier a reporté la même expérience sur des collégiens en pleine crise d’adolescence et encore une fois, les résultats furent probants. Emmoms et al. (1984) avaient bel et bien raison : exprimer de la gratitude rend plus heureux et plus ouvert sur le monde extérieur.
Et oui, le bonheur ne tient qu’à quelques gestes du quotidien. Une fois que tu les auras intégré dans ta routine bien-être, toi aussi, tu pourras afficher la preuve de cet état de plénitude : le sourire de Duchenne.
Le Sourire de Duchenne
Je fais faire court parce que l’article fait déjà 2 000 mots et que je sais que tu commences à ressentir de la fatigue.
On ne va pas se leurrer : les faux sourire sont légion et tous les sourires ne sont pas liés au bonheur. Quand tu as le trac avant de monter sur scène, tu peux afficher un sourire nerveux. Si tu es de ces hommes que toutes les femmes fuient, tu peux imiter le chat de Chester pour te rendre plus crédible.
Mais, quand tu es heureux, vraiment heureux, tu souris d’une façon qu’il est impossible de copier. C’est le sourire de Duchenne.
En 1990 et à l’aide d’une série d’électrochocs infligés à des prisonniers (oui, je sais…), l’anatomiste français Guillaume Duchenne a étudié les différentes expressions du visage.
Quand la joie est réelle, il se produit une réaction qu’il est impossible de simuler.
Le majeur zygomatique, situé dans la joue, tire les lèvres vers le haut et l’orbicularis oculi, qui entoure l’oculaire, serre les coins extérieurs en forme de patte d’oie. L’événement dans son ensemble est court – généralement d’une durée de deux tiers de seconde à quatre secondes – et ceux qui en sont témoins réagissent souvent en reflétant l’action et en souriant.
C’est le sourire de Duchenne.
Tu peux essayer de feindre le sourire de Duchenne autant que tu veux, c’est voué à l’échec. Même les plus grands sociopathes n’y arrivent pas.
Bien sûr, l’expérience a été répétée, confrontée à d’autres théories et ce sourire disséqué autant que faire se peut. Mais ça, c’est une autre histoire…
En quelques mots, dis-moi, pour toi, qu’est-ce que le bonheur ? À quel moment de ta vie ou de ta journée ressens-tu cette joie incontrôlable qui te fait un sourire de Duchenne ?
Ta réponse est attendue en commentaires, mais surtout, SURTOUT, abonnes-toi au blog et reçois un email à chaque fois qu’un article de blog est publié !
Références
Ahmad Alipour, Ahmad Pedram, Mohammad Reza Abedi, Zeinab Rostammi (2012) What is happiness ? Interdisciplinary Journal of Contemporary Research In Business 12(3) : 660 -667
Calvet-Mir L., Reyes-García V., Tanner S., & TAPS Study Team (2008). Is there a divide
between local medicinal knowledge and Western medicine? A case study among native
Amazonians in Bolivia. Journal of Ethnobiology and Ethnomedicine 4, 18
Clark, A. et C. Senik (2010) Is happiness different from flourishing ? Cross-country evidence from the ESS. Paris School of Economics, mimeo.
Di Tella R and R. MacCulloh (2006) Some uses of happiness data in economics. Journal of Economic Perspectives 20, 25-46.
Diener E. (1984) Subjective well-being. Psychological Bulletin 93, 542-575.
Diener E. (1984). Subjective well-being. Psychological Bulletin 93, 542–575
Duchenne G.B., (1990) The mechanism of human facial expression, trans. R.A. Cuthbertson, Cambridge University Press.
Emmons, R.A. (1986). Personal strivings: an approach to personality and subjective wellbeing. Journal of Personality and Social Psychology, 47, 1105-1117.
Frey B. S. and A. Sutzer (2002) What can economists learn from happiness research? Journal of Economic literature 40, 402-435.
Galati D., Manzano M., & Sotgiu I. (2006). The subjective components of happiness and their
attainment: a cross-cultural comparison between Italy and Cuba. Social Science
Information, 45(4), 601-630
Godoy, R., Reyes-García, V., Gravlee, C. C., Huanca, T., Leonard, W. R., McDade, T. W., et
al. (2009). Moving beyond a snapshot to understand changes in the well-being of native
Amazonians: Panel evidence (2002-2006) from Bolivia. Current Anthropology, 50(4),
560-570
Headey, B. and A. Wearing (1992) Understanding happiness: a theory of subjective wellbeing. Melbourne: Longman Cheshire.
Izquierdo C. (2005). When « health » is not enough: societal, individual and biomedical
assessments of well-being among the Matsigenka of the Peruvian Amazon. Social Science
& Medicine, 61(4), 767-783
Kahneman D. and A. Krueger (2006) Developments in the Measurement of Subjective Well-being. Journal of Economic Perspectives 20(1), 3-24.
Kim, M. S., Kim, H. W., Cha, K. H., & Lim, J. (2007). What makes Koreans happy?
Exploration on the structure of happy life among Korean adults. Social Indicators
Research, 82(2), 265-286
Lu, L., Gilmour, R., & Kao, S. F. (2001). Cultural values and happiness: An east-west dialogue. Journal of Social Psychology, 141(4), 477-493
Lyubomirsky, S. (2001). Why are some people happier than others? The role of cognitive and motivational processes in well-being. American psychologist, 56(3), 239-249.
Oishi, S., and Diener, E (2001) Goals, culture and subjective well-being. Personality and Social Psychology Bulletin, 27, 1674-1682.
Laisser un commentaire